Faut-il s’adapter aux autres quand on est Haut Potentiel ?
Quotidien & Réflexions Personnelles

Faut-il s’adapter aux autres quand on est Haut Potentiel ?

10 janvier 2021

C’est un peu le dilemme que j’entends chez beaucoup de zèbre qui se trouvent en décalage permanent avec le monde « normopensant » : est-ce que je dois être moi au risque de me sentir socialement inadapté ou est-ce que je dois m’adapter à l’autre ?

Je n’ai pas la réponse ultime, simplement mon avis que je donne toujours de bon cœur.

J’ai toujours vécu comme une normopensante avec des idées un peu chelou et ce n’est qu’à 23 ans que j’ai su que finalement cette bizarrerie était simplement une manière de pensée différente.

La vie à s’adapter aux autres, ça ressemble à quoi ?

À quoi ressemblait ma vie avant ? Elle était modelée comme je l’avais voulu : simple, discrète. L’histoire d’amour de rêve avec celui dont j’étais amoureuse depuis mes 3 ans avec une famille incroyable. On vivait ensemble, on avait un groupe d’amis avec qui on vivait tout. J’étais en alternance, je payais ma voiture à crédit, ma famille était en bonne santé. Mais surtout j’avais DES AMIS, choses que je recherchais éperdument depuis ma plus tendre enfance.

Les gens m’enviaient pour ce que j’avais, une vie parfaite.

Puis j’ai su que j’étais haut potentiel et ma vie s’est brisée en mille éclat avant même que j’ai pu l’anticiper. Quelques mois avant, je n’étais plus vraiment heureuse. J’étais fatiguée, de devoir faire semblant, de ne pas pouvoir être moi-même.

Ma vie était chronométrée : la semaine je travaillais de 9h à 17h, j’allais faire les courses une fois par semaine, j’allais à la piscine une à deux fois par semaine. Le week-end on voyait toujours ce même groupe d’amis, le samedi soir, à faire toujours la même chose : un apéro dinatoire. Ma vie était une boucle temporelle et j’en souffrais beaucoup. Mais tu sais dès que tu essaies de changer quelques petites choses dans le quotidien de ton entourage qui aime vivre ainsi ce n’est jamais accueilli de manière positive.

Et puis un jour je ne pouvais plus me cacher, je suffoquais de tout ça, donc j’ai commencé à être moi-même. C’est à partir de ça que tout a commencé à se briser. Mon entourage a cru à un gros pétage de cable, ou que je partais vivre dans une secte. On m’a clairement pris pour une folle alors que je cherchais juste à être moi-même.

J’ai beaucoup souffert à ce moment-là et j’ai fui Nantes pour partir dans un endroit où personne ne me connaissait, pour pas recroiser mes anciens amis et surtout pour ne pas recroiser mon premier amour qui n’a rien compris à ce qu’il lui arrivait. Mais il ne me comprenait pas et je ne lui en veux pas, il ne pouvait pas me comprendre à ce moment-là parce que j’étais en transition.

J’avais juste besoin de souffler, de faire le vide et de savoir qui j’étais vraiment. Ma rupture a été le dommage collatéral de cette histoire et ça en a choqué plus d’un : « Oh tu n’es plus avec J ? On n’aurait jamais pensé que vous puissiez vous séparez, vous étiez tellement mignon ensemble ! », ce genre de phrase je l’ai entendu des dizaines de fois.

Le problème à être soi-même, c’est que quand tu commences, tu ne peux plus t’arrêter. Et c’est ce qui arrivé chez moi !

Apprendre à se connaître et être soi : la délivrance

Le titre de cette partie est plutôt explicite !

L’entourage sain, un pilier dans la reconstruction de soi

Toi qui me lis, tu dois peut-être te demander comment j’ai pu me retrouver seule du jour au lendemain ?

C’est ça qui est beau dans la vie c’est que je ne l’étais pas ! J’ai perdu une bonne partie des relations de mon « ancienne vie » comme j’aime l’appeler mais j’ai gardé les bonnes relations ! Celles qui te poussent vers le haut, qui te permettent d’être toi-même. J’ai rencontré aussi de nouvelles personnes, par le biais de mon travail ou d’amis de mes amis.

J’ai surtout eu mon pilier dans cette aventure, mentor à la base, puis meilleur ami pour en plus devenir par la suite l’homme qui partage ma vie. Je vais être honnête avec toi, sans son soutien, je n’aurais jamais survécu à de telles choses.

À ce moment-là de ma vie, je n’avais plus de relations avec mes parents, ma sœur et mon groupe d’amis. Je ne tenais plus particulièrement à la vie, j’avais même pensé à y mettre fin alors que je ne suis pas une personne ayant des tendances suicidaires.

J’ai heureusement eu des mains tendues pour me permettre de sortir de ce gouffre qui me tuait à petit feu. Ça c’était la partie la moins fun, heureusement il y a que du positif après.

Apprendre à se connaitre, les étapes

Je n’ai pas de formule magique, je n’ai pas non plus la réponse ultime, juste mon ressenti !

La première étape a été de déconstruire tout ce que je connaissais de moi-même. Mais comment déconstruire sa personnalité quand on n’en a pas vraiment ? Très bonne question Michel !

J’ai lu beaucoup de livres de développement personnel, parce que ça me faisait du bien, je me suis entourée de positif dans ma vie de tous les jours (mes relations, ce que je lis sur internet, etc.). J’ai découvert de nouvelles choses et j’ai essayé de mettre un avis dessus, le fameux « j’aime / je n’aime pas », ça parait simple mais ça ne l’est pas puisque quand tu passes ta vie à t’adapter aux autres, tu ne prends partie pour rien.

En parallèle, j’ai vu une psychologue pendant 6 mois, et ça m’a fait énormément de bien ! Elle a été une des clés pour débuter ma transition et m’a permis de déculpabiliser sur les choses que je faisais (ne plus parler à mes parents entre autres).

Faire du tri dans mon entourage et me faire aider ont été deux grandes étapes qui m’ont permis d’avoir des bases solides pour entamer la découverte de moi-même.

Ensuite j’ai voyagé, découvert un tas de choses, mais avant tout j’essayais de mettre une émotion sur chaque moment. J’avais de gros soucis à ressentir un tas de choses et ça se terminait tout le temps par ressentir de l’angoisse, de la colère ou même parfois les deux combinés. Je travaille encore dessus et je me suis découvert une certaine sensibilité genre pleurer devant la mort de (spoiler alert) Tony Stark dans Avengers alors que cela ne m’était JAMAIS arrivée auparavant ! La différence c’est qu’avant j’avais honte de fondre en larme devant un chiot donc je me retenais énormément et ça a fini par créer une certaine distance émotionnelle avec tout.

Et finalement ma vraie personnalité se dessinait petit à petit. Je n’ai pas changé du tout au tout, j’ai juste fait un travail sur moi-même pour m’aimer et savoir qui j’étais. Mes amis de longue date ne m’ont pas trouvé radicalement métamorphosée mais ils ont vu que j’étais plus épanouie, plus heureuse, plus vivante !

Maintenant quand une chose ne me plait pas, je le dis quitte à être en désaccord avec quelqu’un d’autre mais c’est la vie, on ne peut pas être d’accord avec tout le monde. À l’inverse, je n’hésite plus à exprimer mon amour, ma reconnaissance, mon amitié à mon entourage. Je rédige des mots doux parfois même des longs messages parce que j’en ressens le besoin et c’est okay. Je me sens un être humain à part, unique et coloré et c’est ce qui me correspond réellement je trouve.

Apprendre aux autres à nous apprivoiser

Le plus compliqué dans cette transition a été de montrer à ma famille que j’étais certes différente, que j’avais envoyé chier toute mon ancienne vie mais que j’étais toujours leur fille, sœur, cousine.

Après avoir reparlé à mes parents, on a mis les choses à plat, pour eux j’étais fautive. Ma sœur m’en a encore voulu pendant des mois car « j’avais brisé ma famille ». Avec ma mère, nous avons reconstruit une relation saine, sur des bases solides. Ce qui est fait est fait, on ne pourra pas revenir en arrière, on a du parler de tout ça plusieurs fois pour au final se pardonner mutuellement je pense.

Dans ces moments-là il faut s’armer de patience, ça a été un travail de plusieurs mois mais maintenant ils m’acceptent comme je suis, aussi bizarre qu’avant, du coup rien a vraiment changé de ce côté-là en fait. Pour la guerre, elle n’est pas encore gagnée puisqu’ils ne souhaitent toujours pas rencontrer mon amoureux, 2 ans après ces histoires. Mais j’ai confiance, un jour on y viendra !

Globalement, je n’ai pas donné de manuel d’utilisation à mon entourage, ils ont dû me prendre tel que j’étais. Peu de choses ont changé pour eux, mise à part qu’ils me voyaient plus rayonnante que jamais. Je suis quand même passée par une étape de « rassurance », en montrant à mon entourage que j’allais bien, que je n’avais pas radicalement changé et que j’étais là pour eux.

Quant à mes amis, comme je le disais précédemment, ils se sont adaptés naturellement. Mais il y a une chose que tu dois savoir : on ne peut pas forcer quelqu’un à nous aimer. Cette leçon j’ai mis 23 ans à l’intégrer et je dois avouer que c’est libérateur.

Les personnes qui ne m’aiment pas en ont le droit et dans un sens heureusement car j’accorde mon attention à un groupe restreint de personnes qui le méritent !

Alors, faut-il s’adapter aux autres quand on est différent ?

Tu l’as remarqué, cet article ne s’adresse pas spécialement aux HP, il est pour tous ceux qui se sentent socialement inadapté dans notre société actuelle.

Après avoir testé les deux manières de faire, je privilégierais toujours d’être moi-même. Personne ne pourra te reprocher d’être toi-même et si c’est le cas, ne continue pas une relation de quelques types que ce soit avec ce genre de personnes. Tu perdras ton temps et ton énergie, comme moi. De plus, tu te perdras toi-même en te créant de multiples personnalités et ça c’est moche.

Tu es unique par ta façon d’être, ne prive pas le monde de ta personnalité. Sois fière de ce que tu es, tout comme je le suis.  Je suis reconnaissance d’être ce que je suis aujourd’hui, de mes choix, de ma vie et du chemin parcouru !

Rendez-vous dimanche prochain à 10h pour un nouvel article. 😉

Only registered users can comment.

  1. Quel travail énorme sur soi…
    Et pour un résultat extraordinaire en relativement peu de temps.
    Etre soi! Pour des raisons qui m’échappent, « on » le refuse à certaines personnes. Peut-être parce qu’elles doivent ouvrir la voie à d’autres, les aider à se libérer à leur tour pour réaliser tout leur potentiel. Et que ceci déplaît beaucoup à certaines forces dans l’univers (comprenne qui pourra).
    J’ai beaucoup d’admiration pour toi Manon et je vais essayer d’en prendre de la graine.
    Merci,
    Pamela

    1. Oh merci Pamela, je lis tous tes commentaire aujourd’hui et ça me fait super plaisir !

      Je pense que quand ton entourage te connais et te catalogue dans une ou plusieurs cases, le fait de changer leur fait peur et tu sors du moule qu’ils t’ont créé sur-mesure.

      Les forces de l’univers je comprends oui, j’ai toujours dis que quand on veut changer sa vie et/ou certaines habitudes récalcitrantes, c’est comme si tout l’univers t’en empêchait en te mettant des bâtons dans les roues pour mettre ta détermination à l’épreuve…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *