Travail & Scolarité

Ma scolarité en tant que Haut-potentiel non détectée

1 novembre 2020

Cet article, comme tous les articles sur ce blog, est simplement le fruit de mon propre témoignage, je ne généralise absolument pas ce que j’ai vécu comparé à un autre haut potentiel.

Aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours senti en décalage. J’ai déjà pensé que je pouvais avoir une différence en termes de QI par rapport aux autres de mon âge, mais au final le syndrome de l’imposteur revenait très vite au galop et personne n’a soupçonné que j’étais un enfant précoce (EHP pour élève à haut potentiel). Clairement je n’avais pas les ressources pour me poser ce genre de question.

Lorsque j’avais 5 ans, le médecin de famille avait encouragé mes parents à me faire un test de QI car il y avait suspicion d’un haut potentiel mais pour eux il n’y avait aucune raison, aucun indicateur qui laissait penser que… Et puis faire sauter une classe à sa fille, ce n’était pas une bonne expérience selon eux pour la suite de ma scolarisation

Je pense qu’au final ils avaient peur, de me mettre volontairement en décalage avec les autres élèves de l’école. Au-delà de tout ceci, j’ai toujours été plus grande en taille que mes camarades de classe… je me sentais donc deux fois moins à ma place.

En plus, j’avais cette constante envie de me faire aimer de tout le monde, surtout à l’école, terrain de jeu pour certain mais terrain de combat pour moi.

Scolarisation chaotique : L’école primaire et le harcèlement scolaire

Je pense que les enfants ressentent ce genre de décalage et que mes camarades m’ont toujours vu comme étant bizarres. Tous les moyens étaient bons pour me faire aimer : partager mon gouter, donner mes billes, rendre des services, être à leur service.

Puis le harcèlement collectif qui s’en suit où les institutrices de mon école ne réagissaient jamais : toute ma classe qui m’encercle et me balance des ballons de baskets sur le corps. J’ai même dû me mutiler et accuser les autres pour qu’on me croit (pas top de faire ça mais quand on a 8 ans et qu’on est désespéré, on n’a pas autant de jugeotte qu’à 24 ans).

L’école primaire a été chaotique pour moi, je me sentais entourée d’enfants différents, confrontée à une méchanceté que je n’aurais jamais soupçonnée.

Mon seul refuge c’était les sorties scolaires, où je parlais avec les parents accompagnateurs, de leurs vies, de leurs enfants.

C’était le peu de répit que je pouvais avoir avant de retourner dans la fosse au lion et ça durant toute ma scolarité en école primaire

Le reste s’enchaine tel un engrenage pervers : différence, méchanceté, harcèlement scolaire, phobie scolaire, rendez-vous avec le professeur et mes parents (rare).

5 ans à tenir comme ceci, sans savoir ce qui clochait chez moi. Je m’étais même fait une raison c’est parce que j’avais du ventre, que j’étais brune avec des cheveux crépus alors que mes bourreaux étaient de petites têtes blondes, minces et très populaires.

Je ne me sentais pas plus intelligente à l’école qu’un autre. Je pense que j’avais des notes moyennes et puis en plus j’ai toujours eu des difficultés en math et en science.

Tout ce que je me souviens c’est que j’avais ce sentiment constant de me sentir plus adulte que mes camarades. Je résolvais les problèmes, j’étais là pour qu’on puisse se confier et je me sentais clairement plus matures.

C’est à ce moment-là où mon anxiété à commencer a apparaître.. Tout comme les premiers traumatismes qui te suivent au moins jusqu’à l’âge adulte. J’étais à un stade où je faisais des crises d’angoisses tous les matins par peur de devoir aller à l’école. Heureusement j’avais une maman particulièrement cool et il m’arrivait de temps en temps de rester à la maison.

Mais là encore rien ne peut faire penser à un enfant de 7 / 8 ans qu’il est haut potentiel. On y pense pas parce que ce ne sont pas des mots qui viennent spontanément. En temps qu’adulte, je pense qu’identifier un enfant haut potentiel est d’autant plus complexe, même si c’est son enfant. Il existe tellement de caractéristiques et de clichés sur les « surdoués » que finalement qu’est-ce qui est faux et vrai ? 

J’ai sérieusement pensé à poursuivre ma scolarisation dans une autre école ou même à arrêter totalement l’école mais j’étais trop jeune pour dire stop… aaaah l’autorité parentale.

Scolarité de Haut Potentiel non détecté : le collège, l’époque des premiers amis et première trahison

Le collège a été plus light, j’étais juste catégorisée comme non-populaire et pas belle (aka le fameux thon du collège). Ces mots sont vraiment très durs mais les pré-adolescents ne sont pas tendres entre eux. Si tu es populaire et belle, tu peux enchainer les petits copains, sinon tu n’as aucune chance…

J’ai appris que mon cerveau excellait dans une matière quand celle-ci m’intéressait et que le professeur était « cool » : la musique et l’anglais étaient mes points forts. Pour le reste des matières de la formation, j’avais des résultats scolaires moyens.

En chimie, je ne m’entendais pas avec la professeure de l’école, donc j’avais des notes pitoyables et des difficultés d’apprentissage. Le déclic a été un rendez-vous entre elle, moi et mes parents dû à mon manque d’investissement et mes notes catastrophiques. Lorsque j’ai vu que finalement elle ne voulait que le bien de ses élèves et leurs inculquer une certaine discipline avec ses ressources à elle, j’ai décidé de m’y investir et je suis devenue la meilleure élève de la classe.

Mais là encore, aucun indice qui ne m’aurait fait penser que j’étais haut potentiel ou intellectuellement précoce (ehp). Je me fondais dans la masse, j’étais certes plus mature que la plupart des gens de mon âge et de mon école mais je mettais ça sur un contexte personnel et familial particulièrement difficile qui m’avait forcé à murir prématurément.

C’est au collège que j’ai commencé à me définir en tant que caméléon, je pouvais devenir celle dont tu rêvais en classe et en dehors. Bien pratique quand un crush est fan de rock et toi de pop ! J’arrivais à aimer ce que l’autre aimait. Je ne faisais même pas semblant, j’aimais tout ce qui pouvait être possible. Je faisais preuve d’une adaptation auprès de tout le monde.

Ça a aussi été l’époque des premiers amis, certains plus sincère que d’autres. J’ai connu les trahisons amicales, celles qui font bien mal où évidemment tu te fais avoir (sinon ça ne serait pas drôle).

Mais que c’était bon se sentir apprécié ! J’y ai lié une amitié indestructible avec mon meilleur ami, qui m’accompagne toujours dans ma vie malgré la distance.

Pour la petite histoire, il a été la première personne aussi bizarre que moi que j’ai rencontré à l’école. D’ailleurs au début, les autres de ma classe ne l’appréciait pas et je suivais le mouvement tel un vrai caméléon. Et puis finalement on s’est lié d’amitié et 10 ans après j’ai su qu’il était Haut Potentiel Intellectuel, ce qui explique beaucoup, beaucoup… beaucoup de choses !

Pourtant même diagnostiqué plus jeune, il n’a jamais eu d’accompagnement de la part de l’établissement scolaire ou des enseignants.

Le lycée, les années cools

Le lycée, c’est le début de la tolérance. Tu vois des styles, des genres différents et tout le monde s’en fiche un peu de comment tu t’habilles. Il y a toujours les personnes « populaires » mais finalement les non-populaires représentent 95% du reste du lycée c’est donc plus facile de se fondre dans la masse.

C’est là que les premiers émois amoureux se ressentent… À force de jouer le caméléon avec les autres pour me fondre dans la masse, je suis devenue le caméléon. Du coup, je ne ressentais plus de différence avec les autres. Je me freinais aussi pas mal, par exemple dans mes ambitions je souhaitais avoir la vie la plus normale possible (un mari, des enfants, un chien et une maison en lotissement), alors que mes copines voyaient les choses en grand.

La personnalité du haut potentiel pendant la scolarité ça ressemble à quoi ?

Finalement je me dis que je n’aurais jamais pu m’auto diagnostiquer haut potentiel surtout pendant l’adolescence. Tu te construis pendant cette période, tu fais des expériences pour développer ta personnalité. Je n’aurais jamais soupçonné avoir autant de ressources ou de précocité. Je me censurais beaucoup aussi, puisque j’étais un caméléon. Tout ce que je disais et faisais était calculé pour être en adéquation avec la situation et la personne.

J’anticipais TOUTE ma vie, pour parer aux éventualités et vivre cela parfaitement. Si bien que je ne vivais plus l’instant présent, je vivais dans le futur.

  • Les choses auraient-t’elle été les mêmes si j’avais eu un accompagnement dans la découverte de mon développement et de mon éducation scolaire ?
  • Aurais-je eu moins de difficultés relationnelles avec les enfants ou un meilleur parcours scolaire dans chaque établissement ? Je n’aurais jamais de réponses mais je n’en cherche pas spécialement.

Je me suis toujours dit pendant ma scolarisation que le problème avec les autres c’était mon apparence, les humains n’aiment pas la différence, donc ça devait probablement être une différence physique qui devait les gêner. Et je pense que mes parents étaient aussi de cet avis-là. Personne dans ma famille n’est confronté à ce genre de chose, donc comment détecter un enfant intellectuellement précoce (ou EHP = élève à haut potentiel) si on en connait absolument rien dans le domaine ?

Pendant mon adolescence, je faisais tous les tests de QI gratuits que je pouvais trouver sur internet. Mais bon, je savais pertinemment que tout était faussé et que je ne ferais jamais partis des « surdoués ». J’ai aussi fait le test des 13 personnalités mais j’avais à chaque fois des résultats différents. Cela dépendait de mon humeur, de mon contexte.

La sensation d’être incomprise restait présente mais elle s’est enfouie au fil des années, comme mes sentiments. J’ai encore un problème d’expression de sentiment. Je n’arrive plus à percevoir les sentiments assez fins comme des petites joies quotidiennes car j’ai été rongé par la colère pendant des années. 

Aussi, ce sentiment de décalage, que je pensais disparaître à l’âge adulte est resté malgré tout, surtout dans mon travail et dans la suite de mon parcours scolaire (j’ai un bac +5). L’éducation nationale je pense, passe à côté de beaucoup de jeunes enfants à haut potentiel simplement parce qu’on tout est automatisé, sans laisser une seule place à la différence (et ce n’est pas valable que pour l’EHP.

Malgré les ressources qui peuvent être mise en place, il y a une forte inertie pour laisser place au changement et qui au final n’arrange pas les enseignants et pénalise l’enfant, l’EHP concerné…

Enfin bref, voilà mon témoigage sur les difficultés de mon parcours en tant qu’individu présentant une précocité au sein de l’éducation nationale. 

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  1. C’est intéressant le fait que tu as passé plusieurs tests de QI en ligne pdt ton adolescence… Etait ce un jeu, la recherche de stimulation intellectuelle, ou bien pour te rassurer sur tes capacités intellectuelles, ou pour encore autre chose? J’imagine que tu ne connaissais rien aux surdoués à l’époque (hors des clichés)?

    1. Hello ! Merci de ton commentaire. 🙂

      Je pense que c’était juste un jeu pour moi, j’ai toujours aimé les casse-têtes et à chaque fois que je tentais ce genre de choses je savais très bien que c’était biaisé et en aucun cas un test de référence. Mais cela m’amusait.

      Je m’étais déjà posé la question sur une « douance » possible mais il n’y avait pas autant de ressources qu’aujourd’hui sur le sujet et puis j’avais ce cliché que beaucoup de mondes ont : un surdoué joue au échec, est doué en math et a de bonnes notes. J’ai toujours été dans la moyenne, plutôt bonne élève sauf en math… 🤣

      Une chose est certaine : je me suis toujours cherchée, je me savais différente, la nana « bizarre » sans savoir pourquoi, maintenant je sais et c’est rassurant !

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