Travail & Scolarité

Le haut potentiel / zèbre au travail : entre épanouissement et burn-out du salarié – Partie 1

14 décembre 2020

Source d’épanouissement intense ou au contraire de frustration profonde, le travail chez le haut potentiel est tout l’un ou tout l’autre, mais rarement dans un équilibre idéal.

Dans cet article, je vais te partager mes expériences de haut potentiel en tant que salariée. Je vais aussi te parler de mes connaissances zèbres qui elles aussi n’ont parfois pas des vies professionnelles de tout repos (mais toujours épanouissante).

La vision du travail chez mes parents

Tout d’abord, quand j’étais plus jeune, je pense entre mes 12 et 15 ans, mes parents me demandaient ce que je voulais faire plus tard et je leur répondais « Je veux faire un métier où je ne fais jamais la même chose. ». Mon père étant ouvrier dans l’aéronautique et ma mère assistante maternelle, je te laisse un peu imaginer leur réaction. Ils ont tenté tant bien que mal de m’expliquer qu’un travail, c’est répétitif… Je les comprends, c’était leur réalité. Quand je demandais à mon père s’il aimait son travail il me répondait : ça met de la nourriture dans la gamelle, c’est tout ce qui compte.

Lui qui a passé toute sa vie professionnelle dans une usine, dans un métier qui ne correspondait pas vraiment aux études techniques qu’il avait fait et qui profitait des 5 semaines de vacances à l’année pour vivre et entretenir la maison ou le potager. Je me suis alors jurée de ne pas faire des choix qui me rendraient malheureuse dans mon travail.

De même, mon père a toujours voulu que je fasse des études qui ait du « débouché », autrement dit qui mène à un travail tout de suite après le diplôme. À force de voir des jeunes de 25 ans fraichement diplômés d’un master atterrir dans son service à l’usine faute d’emploi, il a pris peur et a toujours fait en sorte que je fasse des choix stratégiques pour mon avenir.

J’ai eu l’idée de faire du design, de l’art, quelque chose de créatif, car j’en faisais depuis toute petite avec ma maman et ça me passionnait… Mais c’était soit des écoles hors de prix, loin de chez mes parents ou n’ayant aucun débouché. Autrement dit : impossible pour une fille d’ouvrier même avec le peu de bourses d’étude que je pouvais avoir.

Tu l’auras compris, j’étais dans un mode de fonctionnement très normé, je me créais des blocages et au bout d’un moment j’en ai eu marre et au lieu de rentrer par la porte, je suis passée par la fenêtre et me voilà aujourd’hui dans le webmarketing après quelques bifurcations d’études et je laisse parler ma créativité chaque jour !

Bref passons à la suite : le travail

Être salarié en étant Haut potentiel : est-ce possible ?

Que dit le web sur le Haut-potentiel au travail en 2020

Tout d’abord, je vois de plus en plus d’articles sur le recrutement du haut potentiel que l’on qualifie à chaque fois « d’ingérable ». Ce n’est pas péjoratif, juste la réalité. Ensuite, ce que je remarque fortement c’est que très souvent dans le milieu du travail, le HP est cadre, il finit forcément avec des responsabilités et il a BESOIN de gravir des échelons, pour sa propre confiance en lui et pour réinventer son travail quotidien. Sinon, il ne restera pas longtemps dans chaque entreprise.

Globalement un zèbre, ne pourra pas rester dans une entreprise s’il n’est pas compris dans son fonctionnement au travail. Il a besoin d’avoir la liberté dans ses missions, qu’il mènera toujours à bien.

Comment mon entourage zèbre gère sa vie professionnelle ?

J’ai une connaissance, plus âgée que moi, avec beaucoup plus d’expériences en entreprise. Elle change tous les ans ou tous les deux ans de travail, toujours dans le domaine du web mais elle change d’employeur. Elle fait aussi du freelance en intermittence quand elle a envie de retrouver sa liberté de travail. C’est sa manière de fonctionner.

Pourtant son ancien boss savait qu’elle était HP puisqu’elle lui avait dit, elle lui avait même donné de la lecture avec des passages soulignés dans ses livres préférés afin qu’il comprenne son fonctionnement et qu’il ait toutes les cartes en main pour la faire progresser et la garder dans l’entreprise plus longtemps. Ce genre de comportement venant de la part d’un dirigeant, m’a vraiment touché. Peu de personnes cherchent à comprendre leurs salariés, pourtant je pense que c’est la clé du management de collaborateurs en 2020 et pour la décennie à venir.

Enfin soit, je m’égare encore.

Mon meilleur ami, HPI, a sauté sa prépa de design, du jamais vu dans son école. Il a terminé major de sa promo (bon élève ce zèbre) et ça fait aujourd’hui plus de 3 ans qu’il a créé son studio de design et qu’il fait tout pour vivre de sa passion. C’est vraiment un modèle pour moi et je sais que la seule raison qui le poussera à devenir salarié, c’est si son entreprise ne fonctionne plus un jour.

Mon amoureux lui a été salarié pendant les 10 premières années de sa vie professionnelle et était épanoui dans ce qu’il faisait puisqu’il avait des responsabilités et beaucoup de libertés. Après ça, il a créé plusieurs entreprises, dans divers domaines (parfois complètement différents), et il est doué dans ce qu’il fait.

J’ai croisé d’autres haut potentiel durant ma scolarité qui finissent par changer de boulot tous les ans, dans le même domaine globalement, certains se retrouvent même à faire de la pédagogie en école supérieur à mi-temps avec d’autres projets professionnels.

Mon expérience en tant que salariée HP, incomprise

Je tiens à préciser avant tout que j’ai été détecté haut potentiel à 22 ans et que j’ai commencé ma vie professionnelle à 20 ans. J’ai donc toujours eu ce sentiment d’incompréhension de la part des autres et le fait de me sentir bizarre, voire stupide.

Première expérience professionnelle en agence de développement web

À cette époque-là, je ne connaissais absolument rien du web, j’avais soif d’apprendre et j’avais hâte de commencer dans une entreprise spécialisée dans le web. La douche froide ça a été quand j’ai su que mon boss était le directeur commercial et qu’il n’y avait personne dans cette entreprise sensibilisée à la communication web ou au webmarketing.

L’avantage que j’avais c’était une très grande liberté dans mes journées. C’est le style d’entreprise dont on rêve tous : un chien, un toboggan pour descendre rapidement du premier étage, des pauses dej avec des parties de jeux vidéo. Des activités super chouette avec des collègues adorables et on brassait même de la bière !

Comment j’ai pu quitter cette entreprise ? La réponse est toute simple : j’étais en alternance, novice dans mon métier et j’avais besoin que l’on me forme. Même si je suis autodidacte et que j’adore apprendre par moi-même, j’avais besoin de cet accompagnement dans la gestion de mon travail, de mes missions. Avoir un plan clair avec des objectifs et trouver par moi-même le moyen de les atteindre. Chose que je n’ai pas eu.

Je garde néanmoins un très bon souvenir de cette entreprise et je garde encore des contacts avec plusieurs de mes anciens collègues !

Mon premier poste à responsabilité : entre désillusion et frustration

Le deuxième poste que j’ai eu en alternance, c’était dans une grosse PME en Bretagne, spécialisée dans l’emballage pâtissier. Ils avaient un site e-commerce, 200 collaborateurs. Mon poste était à responsabilité, puisque je devais co-gérer le site e-commerce avec ma responsable, anciennement alternante dans cette même entreprise.

C’est là que ma vie d’adulte à commencé, car j’ai dû déménager à une heure de chez mes parents pour pouvoir intégrer cette entreprise dans laquelle j’avais mis tous mes espoirs.

Tout était comme dans mes rêves… sur le papier. Dans la réalité, ce job m’a fait terminer en burn-out professionnel pour plusieurs raisons.

Les responsabilités qu’on m’a vendues, n’était ni plus, ni moins que de servir ma boss selon ses désirs. Le projet était hyper intéressant mais l’entente humaine n’était pas au rendez-vous. J’essayais tant bien que mal de correspondre à ses désirs, en bon caméléon que j’étais mais cela ne suffisait pas.

Un exemple : je devais rédiger deux articles de blog par mois. J’aime bien rédiger, la preuve, je tiens ce blog depuis maintenant un an ! Mais je n’étais pas libre dans le choix du sujet, je n’étais même pas libre d’écrire ce que je voulais ! Autrement dit, j’étais un simple scribe qui devait retranscrire les pensées de sa boss. En plus, une relecture d’article prenait deux jours, parce que quand un mot ne lui plaisait pas, elle mettait un synonyme qui voulait dire EXACTEMENT la même chose.

Finalement, je me retrouvais à aller préparer les commandes au fin fond de l’usine tous les soirs, à gérer les clients mécontents au téléphone. Même quand j’étais au téléphone elle me reprenait en me disant « ne dis pas ceci, dis plutôt cela… ». Elle faisait ça avec tout le monde et c’est pour cela que les alternants ne restaient pas plus d’un an. Résultat : l’entreprises est toujours au même stade de développement qu’il y a 3 ans !

Après cette expérience, j’ai eu une grosse remise en question et j’ai voulu arrêter mes études et changer de métier car je me sentais instable dans mes jobs, toujours à finir déçue. C’est durant cette expérience que j’ai commencé à me documenter sur la haute potentialité mais sans me dire que c’était vraiment mon cas.

Dernière année d’alternance : doutes, instabilité et changement de vie

C’est cette année-là que le déclic a eu lieu, j’ai commencé à travailler en agence web. Je connaissais le patron qui était un de mes anciens professeurs à l’école et mon collègue de travail n’était ni plus ni moins qu’un ancien camarade de classe. Je devais gérer un porte-feuille de client en autonomie, avec des perspectives d’évolution.

J’aimais le fait de pouvoir grandir et faire grandir cette agence, alors seulement composée de 4 personnes.

J’y suis restée 2 mois… avant de fuir, à 6 mois de la fin de mon master. Pour plusieurs raisons là aussi : ma responsable me fliquait constamment, mon travail était chronométré à la minute près, je n’étais jamais assez bonne, assez rapide. On m’a même reproché de ne pas m’intégrer à l’équipe, remarque de ma responsable, alors que je parlais à tout le monde. On m’a engueulé pour un travail que j’ai fait alors que c’était la première fois que je le faisais. Mon boss savait très bien qu’il aurait dû corriger car je lui avais signalé au préalable que je n’étais pas expérimentée là-dedans.

J’avais pourtant pleins d’idées pour cette agence mais j’en savais trop. Je te rappel, je suis autodidacte et j’ai été formé par mon mentor (HPI lui aussi), je me suis vite rendu compte que ma responsable n’était pas du tout formée et faisait son travail un peu à l’aveugle. Ça fait hyper prétentieux, je le sais… On m’a convoqué 3 fois dans le bureau du patron en 2 mois, parce que mon travail n’était pas assez satisfaisant. Je me sentais incomprise, inutile, instable. Bref mal dans ma peau.

Suite à ça, j’ai eu une énième grosse remise en question. Je désespérais mon entourage, surtout mon copain de l’époque qui me voyait en éternelle insatisfaite et capricieuse. J’ai même eu le droit à un « De toute façon, tout ne sera jamais assez bien pour que tu restes dans une entreprise, tu ne seras jamais contente. », sympa hein ?

J’ai quand même réussi à trouver une entreprise en 3 jours en faisant le buzz sur les réseaux sociaux, après environs plus de 2000 partages et de 150 000 vues de mon appel à l’aide. J’ai terminé ma scolarité dans une start-up, où j’étais responsable de mon service (en même temps, j’étais la seule, facile tu me diras). J’y ai rencontré des gens géniaux, le seul problème c’est que cette start-up proposait une solution qui ne marchait pas. On est aussi passé du mood start-up « bataille de nerf » aux reproches « Franchement, vous bossez que 35H et vous ne restez même pas travailler un peu plus ». Aucune reconnaissance des patrons, toute l’équipe essayant de faire marcher la boite en leur mettant sous le nez que la solution ne fonctionnait pas. Nos salaires n’étaient pas versés régulièrement car l’entreprise était mal gérée.

6 mois après, tout le monde a été viré à cause du manque de cashflow…

Un mal pour un bien je dirais. Le poste était cool mais j’ai perdu en motivation, par manque de reconnaissance des patrons pour qui je faisais des journées de dingue (du 9h/19h assez régulièrement), ils me mentaient, nous manipulaient. Bref c’était pas fou fou..

Pourquoi ne pas avoir dit à mes patron que j’étais Haut potentiel ?

La peur, tout simplement.

Il y a quelques années, on parlait beaucoup moins de surdoué, haut potentiel, surefficient ou zèbre. Mon mentor m’a appris à le cacher pour éviter de montrer ma différence. En même temps, vue la réaction de mon entourage lorsque je leur en ai parlé, autant le cacher.

Peu de recruteurs ou directeurs d’entreprises sont sensibilisés, encore aujourd’hui, au haut potentiel et à son fonctionnement unique. Quand on me demandait pourquoi je changeais d’entreprise chaque année, je répondais tout simplement que je profitais de mon alternance pour découvrir diverses entreprises, diverses missions pour avoir un maximum d’expérience.

Je pense que leur dire aurait pu être plus simple pour qu’ils me comprennent. Mais bon, j’avais honte de moi et puis arriver en tant qu’alternante dans une entreprise est déjà assez complexe alors je n’imaginais pas débarquer avec mes gros sabots en imposant mon fonctionnement.

Si tu es dans le cas où tu hésites à en parler à ton boss, je ne saurais pas quoi te répondre, tout dépend de la personne qu’il ou elle est, de sa tolérance, de son ouverture d’esprit. Un tas de paramètre entre en compte. Je te conseillerais tout simplement de faire comme toi tu le sens.

Pour conclure cet article, je pense que chaque personne est différente et que par conséquent chaque haut potentiel à sa façon de fonctionner. Mon entourage zèbre est composé de personnes ayant des envies et des aspirations uniques. m

C’est tout pour cet article déjà bien long, j’espère qu’il t’a plus ! N’hésite pas à me laisser un petit commentaire si tu te sens concerné par ce sujet, raconte-moi !

La semaine prochaine, j’aborderais la vie du haut potentiel en étant son propre patron. Je fais en sorte de ne pas généraliser mes articles, car chacun est différent. J’essaie avant tout de t’apporter ma propre vision et ma propre expérience !

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